BSV - Bulletins de Sécurité des Vols

PREMIER et DERNIER cours de VSV*

pour pilotes non qualifiés

(*) Vol Sans Visibilité
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Article 176 – Aviation Digest - Février 1974
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Si vous êtes tenté de décoller par météo marginale sans entraînement VAI, lisez d’abord cet article.
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Si malgré tout vous décidez de partir et perdez le contact visuel du sol, commencez à compter à rebours à partir de 178 secondes.

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Quelle durée de vie peut espérer un pilote qui n’a pas de qualification de vol aux
instruments, après être entré dans le mauvais temps et avoir perdu le contact visuel du sol ?

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L’Institut de l’Aviation de l’Université de l’Illinois a cherché à répondre à cette question lors de l’étude de mise au point d’un programme, pour la qualification : « apte 180sec. au profit de la Société des Propriétaires d’Avions Privés ».

Ce programme était prévu pour rendre les pilotes non professionnels capables de se sortir d’une mauvaise météo (vol sans visibilité de sauvegarde).
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20 élèves – cobayes furent soumis à des vols simulés aux instruments par mauvaise météo.
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Tous ces cobayes allèrent droit à leur tombe par des vrilles ou des tonneaux en piqué.
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Les résultats diffèrent seulement sur un seul point : le temps mis par les différents sujets pour perdre le contrôle de leur avion.
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L’éventail s’étale de 480 secondes à un minimum de 20.

« Le temps moyen fût de 178 secondes »

(soit 2 secondes de moins que 3 minutes)

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Le Professeur K. E. Chellis de Tallahassee (Floride) décrit avec force ce que ces 178 secondes représentent pour le pilote.
Il est lui-même moniteur pilote, moniteur de vol sans visibilité de sauvegarde.
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Le ciel est couvert et la visibilité médiocre.
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En fait les 8 Km de visibilité annoncés ressemblent plutôt à 3 Km.

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Vous n’êtes plus capables d’estimer le plafond de la couche.

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Votre altimètre annonce 450 m et votre carte vous dit que le terrain au dessous de vous culmine à 360 m.
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Il peut même y avoir une tour quelque part dans les environs, car vous ne savez pas exactement combien vous avez déjà parcouru.

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Mais vous avez déjà volé dans de pires conditions, aussi vous continuez.
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Vous tirez seulement un peu sur le manche, juste pour pouvoir être un peu plus haut que ces tours pas tellement imaginaires. Puis sans préavis vous êtes dans les nuages.

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Vous fixez si intensément ce brouillard blanc laiteux, que vos yeux font mal, mais vous ne voyez rien.
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Vous combattez l’impression de lourdeur à l’estomac et avalez votre salive, seulement pour vous trouver la bouche sèche.

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Maintenant vous savez que vous auriez dû attendre une meilleure météo.
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Le rendez-vous était important, mais pas tellement important que ça...
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Quelque part une voix vous dit :

« Tu as gagné, tu as gagné ! »

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Maintenant, vous avez 178 secondes à vivre.
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Votre avion est stable, bien à plat mais votre compas commence à tourner lentement.
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Vous mettez un peu de pied et ajoutez une légère pression au manche pour arrêter le virage, mais cela ne paraît pas naturel et vous revenez aux positions de commandes initiales.
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Cela paraît meilleur, mais maintenant votre compas tourne un peu plus vite et votre badin augmente légèrement ;
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Vous parcourez votre tableau de bord pour trouver de l’aide, mais maintenant il paraît étranger. Vous êtes sûr que vous allez percer dans plusieurs minutes.
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C’est juste un mauvais moment.
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Mais vous n’avez pas plusieurs minutes à votre disposition.
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Vous avez 100 secondes à vivre.
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Vous jetez un coup d’œil à votre altimètre et avez un choc
en le voyant dégringoler, vous êtes déjà au-dessous de 360 m et instinctivement vous tirez sur le manche.

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Mais l’altimètre continue à descendre, le moteur tourne trop vite et la vitesse est presque à la limite rouge.

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Vous avez 45 secondes à vivre.

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Maintenant vous transpirez et tremblez.
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Il doit y avoir quelque chose dans les commandes, car en tirant sur le manche vous envoyez l’aiguille de la vitesse un peu plus loin dans le rouge.
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Vous pouvez entendre le vent siffler contre l’avion.
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Vous avez 10 secondes à vivre.

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Brutalement vous percez hors de la couche. Là se trouve le sol.
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Vous pouvez voir les arbres se ruer vers vous, et vous pouvez voir l’horizon si vous tournez suffisamment loin votre cou.
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C’est un angle anormal, vous êtes presque en vol dos.
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Vous ouvrez la bouche pour crier. Mais c’est trop tard.
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Vous n’avez plus de secondes à vivre...

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C’est fini, fils.